Notions-clés du thème

Modifié par Clemni

Guerre froide : le terme apparaît dès 1947 sous la plume du journaliste américain Walter Lippmann pour désigner la confrontation planétaire des deux puissances issues de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l'URSS. Elles incarnent chacune un modèle de société (capitaliste ou communiste), qui s'opposent une fois l'ennemi commun nazi vaincu. Par des systèmes d'alliances stratégiques (OTAN, pacte de Varsovie), ces puissances recomposent l'ordre géopolitique mondial en deux blocs d'influence caractérisant un monde bipolaire. Cet affrontement d'intensité variable n'aboutit cependant pas à un conflit militaire direct, notamment du fait de la dissuasion nucléaire. Au-delà des aspects militaires, la guerre froide prend bien d'autres formes : propagande idéologique et lutte d'influence (via les services de renseignements CIA et KGB), concurrence scientifique et technologique (la course à l'espace) et même rivalité sportive (lors de compétitions comme les Jeux olympiques). La guerre froide met également en lumière la diversité des acteurs impliqués et des terrains investis par le conflit (notamment en Afrique ou Amérique Latine).

Équilibre de la terreur : cette expression désigne la possession massive d'arsenaux nucléaires par les deux puissances de la guerre froide. Les conséquences apocalyptiques de leur usage dissuadent de fait les belligérants d'y avoir recours, au risque d'une destruction réciproque : on parle de stratégie MAD (Mutual Assured Destruction). Résultant d'une intense course aux armements (à la fois sur le nombre et sur la puissance des ogives nucléaires), cette stratégie de dissuasion se met progressivement en place dans les années 1950 et culmine en 1962 lors de la crise des missiles de Cuba. Le sentiment d'avoir mis le monde au bord de l'abîme entraîne la période de la détente entre les deux Grands, jusqu'à la relance de la course aux armements sous la présidence de Reagan au début des années 1980 (on parle alors de « guerre fraiche »). L'avance technologique et scientifique prise par les États-Unis (notamment sur le nucléaire avec le projet Star Wars) est l'un des facteurs de la fin de la guerre froide. Ainsi, l'équilibre de la terreur structure l'évolution des rapports américano-soviétiques et apparaît comme le motif principal de l'absence de conflit global. Cependant, les dirigeants américains comme soviétiques, persuadés de la supériorité de leur modèle de société, étaient aussi convaincus qu'une guerre (conventionnelle et a fortiori nucléaire) n'était pas nécessaire pour l'emporter.

Décolonisation : le puissant mouvement de décolonisation qui s'amorce après la Seconde Guerre mondiale met fin aux empires coloniaux européens constitués au XIXᵉ siècle et permet l'indépendance des peuples soumis à leur domination, principalement en Asie et en Afrique. Le processus de décolonisation prend ses racines dans les mouvements nationalistes déjà constitués avant la guerre, comme le Parti du Congrès indien, créé dès 1885. Après 1945, l'affaiblissement des métropoles européennes favorise leurs revendications. Le principe du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » est soutenu par les deux nouvelles puissances américaine et soviétique, et par l'ONU, dont l'Assemblée générale devient la tribune du monde décolonisé.
Les voies de la décolonisation sont multiples et complexes. L'Asie connaît une émancipation plus précoce avec l'Inde (1947), l'Indonésie (1949) et l'Indochine (1954). En Afrique, les pays accèdent à l'indépendance à partir de la fin des années 1950 (Soudan ou Maroc en 1956) jusqu'en 1975 avec la fin de l'empire portugais (Mozambique, Angola). Se distinguent les décolonisations négociées (Inde, Afrique britannique ou Afrique subsaharienne française) et celles obtenues au terme de guerres d'indépendance. Par exemple, la France connaît deux guerres de décolonisation, en Indochine (1946-1954) puis en Algérie (1954-1962).
Réunis à la conférence de Bandung en Indonésie en 1955 (condamnation du colonialisme et des inégalités de richesses qu'il a entraînées), les pays du « tiers-monde » (expression du journaliste français Alfred Sauvy) veulent apparaître comme des acteurs à part entière des relations internationales. Cette ambition d'être une troisième voie dans le monde bipolaire de la guerre froide donne naissance au Mouvement des non-alignés lors de la conférence de Belgrade (1961). La lutte contre le sous-développement amène à la création de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en 1964. Cependant, les nouveaux États sont fragiles, connaissent une forte instabilité politique et restent souvent dans la dépendance économique des anciennes métropoles (néo-colonialisme) ou tombent dans l'influence des deux Grands.

Puissance moyenne (la France) : dans le monde de la guerre froide, les États européens autrefois dominants deviennent des puissances moyennes face à l'hégémonie des États-Unis et de l'URSS. À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la France doit se réformer et redéfinir sa place dans le monde. La reconstruction du pays s'effectue sous la direction de l’État-providence selon les principes définis par le programme du Conseil national de la Résistance. La politique de nationalisation est accompagnée d'une planification efficace permettant à la France d'achever sa reconstruction à la fin des années 1940. Portée par une dynamique démographique (baby-boom) et urbaine (exode rural), la société française se modernise. À l'image d'autres pays occidentaux, sa jeunesse affirme et revendique sa place par une forte contestation en mai 1968. La IVᵉ République (1946-1958) choisit une l'alliance forte avec les États-Unis (atlantisme) en adhérant au plan Marshall (1947) et à l'OTAN (1949). Mais l'instabilité gouvernementale (24 gouvernements en 12 ans) ne permet pas de faire face à la guerre d'Algérie. Le retour au pouvoir du général De Gaulle entraîne un changement de régime. La Vᵉ République renonce à la tradition parlementaire en faisant basculer l'équilibre des pouvoirs au profit de l'exécutif et du président de la République. L'accès à la dissuasion nucléaire (1960) et la sortie du commandement de l'OTAN (1966) illustrent la volonté d'indépendance à l'égard des États-Unis.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/histoire-terminale ou directement le fichier ZIP
Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0